A que morreu às portas de Madrid,
Com uma praga na boca
E a espingarda na mão,
Teve a sorte que quis,
Teve o fim que escolheu.
Nunca, passiva e aterrada, ela rezou.
E antes de flor, foi, como tantas, pomo.
Ninguém a virgindade lhe roubou
Depois de um saque - antes a deu
A quem lha desejou,
Na lama dum reduto,
Sem náusea mas sem cio,
Sob a manta comum,
A pretexto do frio.
Não quis na retaguarda aligeirar,
Entre «champagne», aos generais senis,
As horas de lazer.
Não quis, activa e boa, tricotar
Agasalhos pueris,
No sossego dum lar.
Não sonhou minorar,
Num heroísmo branco,
De bicho de hospital,
A aflição dos aflitos.
Uma noite, às portas de Madrid,
Com uma praga na boca
E a espingarda na mão,
À hora tal, atacou e morreu.
Teve a sorte que quis.
Teve o fim que escolheu.
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Celle qui est morte aux portes de Madrid,
Avec un juron dans la bouche
Et la carabine à la main,
a eu le sort qu'elle désirait,
a eu la fin qu'elle a choisie.
Jamais, passive et atterrée, elle n'a prié.
Et avant fleur, comme tant d’autres, fut pomme.
Sa virginité, personne ne l’a volée
Après la bataille – avant d'être donné
À celui qui la voulait,
Dans la boue d’un bastion,
Sans nausée, mais sans chaleur,
Sous la couverture commune,
Au prétexte du froid.
Elle n'a pas voulu, à l'arrière-garde,
entre « champagne » et généraux séniles,
rendre plus léger leur temps de loisir.
Elle n'a pas voulu, active et bonne, tricoter
Des vêtements chauds, puérils,
Dans le calme d'un foyer.
Elle n'a pas rêvé d'adoucir le sort,
Avec un héroïsme blanc,
Des estropiés de l’hôpital,
Ni l'affliction des affligés.
Une nuit, aux portes de Madrid,
Avec un juron dans la bouche
Et la carabine à la main,
Elle attaqua et mourut, à l'heure dite, .
Elle a eu le sort qu'elle désirait,
Elle a eu la fin qu'elle a choisie.
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