Tenho mil irmãs…


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Tenho mil irmãs…
J'ai mille sœurs…


Tenho mil irmãs para amar sem palavras.
Tenho aquela irmã que caminha encostada
às paredes e sem voz, tenho aquela irmã de
esperança, tenho aquela irmã que desfaz o
rosto quando chora. Tenho irmãs cobertas
pelo mármore de estátuas, reflectidas pela
água dos lagos. Tenho irmãs espalhadas por
jardins. Tenho mil irmãs que nasceram
antes de mim para que, quando eu nascesse,
tivesse uma cama de veludo. Agradeço com
amor a cada uma das minhas irmãs. São mil
e cada uma tem um rosto a envelhecer. As
minhas mil irmãs são mil mães que tenho.
Os olhos das minhas irmãs seguem-me com
bondade e, quando não me compreendem,
é porque eu próprio não me compreendo.
Tenho mil irmãs a esperar-me sempre, com
silêncio para ouvir-me e para proteger-me
no inverno. Tenho aquela irmã que é uma
menina que sai de casa cedo para chegar cedo
à escola e tenho aquela irmã que é uma
menina que sai de casa cedo para chegar cedo
à escola. Tenho irmãs como música, como
música. Tenho mil irmãs feitas de branco.
Eu sou o irmão de todas elas. Sou o guardião
permanente e incansável do seu sossego.
Eu tenho de ser feliz pelas minhas irmãs.
Eu tenho de ser feliz pelas minhas irmãs.
J'ai mille sœurs à aimer sans paroles.
J'ai cette sœur qui marche appuyée contre
les murs et sans voix, j'ai cette sœur pleine
d'espoir, j'ai cette sœur qui s'abîme le visage
en pleurant. J'ai des sœurs que le marbre des
statues recouvrent, elles sont reflétées par l'eau
des lacs. J'ai des sœurs disséminées dans
les jardins. J'ai mille sœurs qui sont nées
avant moi pour que j'aie, à ma naissance,
un lit de velours. Je remercie chacune de
mes sœurs avec amour. Elles sont mille,
et chacune d'elles a un visage qui vieillit.
Ces mille sœurs sont pour moi mille mères.
Les yeux de mes sœurs me suivent avec
tendresse, et quand elles ne me comprennent pas,
c'est que je ne me comprends pas moi-même.
J'ai mille sœurs qui m'attendent toujours, qui
m'écoutent en silence et me protègent
en hiver. J'ai cette sœur qui est une fille
qui part tôt de la maison pour arriver tôt
à l'école, et j'ai cette autre sœur qui est une
fille qui part tôt de la maison pour arriver tôt
à l'école. J'ai des sœurs qui adorent la musique,
adorent la musique. J'ai mille sœurs toutes en blanc.
Je suis leur frère à toutes. Je suis le gardien
permanent et infatigable de leur tranquillité.
Je dois être heureux pour toutes mes sœurs.
Je dois être heureux pour toutes mes sœurs.
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Gustav Klimt
Vierges ou la vierge (1912-1913)
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Olhamo-nos nos olhos pela internet


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Olhamo-nos nos olhos pela internet
Nous nous regardons à travers internet


Eu transmito-te este domingo à tarde,
a voz do vizinho através da parede.

Tu transmites-me a distância que existe
depois do que consigo ver pela janela.

Durante a noite mudou a hora e, no entanto,
continuamos no tempo de ontem.

Como é raro este domingo, não podemos
garantir que amanhã seja segunda-feira.
 
O futuro perdeu-se no calendário, existe
depois do que conseguimos ver pela janela.
 
O futuro diz alguma coisa através da parede,
mas não entendemos as palavras.
 
Lavamos as mãos para evitar certas palavras.
 
E, mesmo assim, neste tempo raro, repara:
tu e eu estamos juntos neste verso.
 
O poema é como uma casa, tem paredes
e janelas, é habitado pelo presente.
 
Olhamo-nos nos olhos pela internet,
estamos verdadeiramente aqui.
 
O poema é como uma casa,
e a casa protege-nos.
Je te transmets en ce dimanche soir
la voix du voisin à travers la paroi.

Tu me transmets la distance qui existe
au-delà de ce que je vois par la fenêtre.

Durant la nuit l'heure a changé, pourtant
nous restons avec le temps d'hier.

Comme il est rare ce dimanche, nous ne
pouvons garantir que demain sera un lundi.

L'avenir se perd dans le calendrier ; il existe
au-delà de ce que nous voyons par la fenêtre.

L'avenir dit quelque chose à travers la paroi,
mais nous n'en comprenons pas les mots.

Lavons-nous les mains pour éviter certaines paroles.

Et même ainsi, en ce rare moment, observe :
toi et moi, nous sommes ensemble dans ce vers.

Le poème est comme une maison, il a des murs
et des fenêtres, il est habité par le présent.

Nous nous regardons à travers internet,
mais nous sommes véritablement là.

Le poème est comme une maison,
et la maison nous protège.
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August Natterer
Mes yeux au moment de l’apparition (1911-1913)
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Não há motivo para te importunar…


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Não há motivo para te importunar…
Il n'y a aucune raison de te déranger...


Não há motivo para te importunar a meio da noite,
como não há leite no frigorífico, nem um limite
traçado para a solidão doméstica.

Tudo desaparece. Nada desaparece. Tudo desaparece
antes de ser dito e tu queres dormir descansada. Tens
direito a um subsídio de paz.

Se eu escrever um poema, esse não é motivo para te
importunar. Eu escrevo muitos poemas e tu trabalhas
de manhã cedo.

Toda a gente sabe que a noite é longa. Não tenho o
o direito de telefonar para te dizer isso, apesar dessa
evidência me matar agora.

E morro, mas não morro. Se morresse, perguntavas:
porque não me telefonaste? Se telefonasse, perguntavas:
sabes que horas são?

Ou não atendias. E eu ficava aqui. Com a noite ainda
mais comprida, com a insónia, com as palavras
a despegarem-se dos pesadelos.
Il n'y a aucune raison de te déranger au milieu de la nuit,
il n'y a pas non plus de lait dans le frigidaire, ni de limite
fixée à la solitude domestique.

Tout disparaît. Rien ne disparaît. Tout disparaît avant
même d'être dit, et les poings fermés, tu veux dormir. Tu as
droit à une allocation de paix.

Si j'écris un poème, ce n'est pas une raison pour te
déranger. J'écris beaucoup de poèmes, et tu travailles
tôt le matin.

Tout le monde sait que la nuit est longue. Je n'ai pas le
droit de te téléphoner pour te le dire, pourtant cette
évidence me tue en ce moment.

Et je meurs, mais sans mourir. Si j'étais mort, tu aurais dit :
pourquoi ne m'a-t-il pas appelée ? Et si je t'appelle, tu diras :
sais-tu quelle heure il est ?

Ou tu ne répondras pas. Et je resterais ici. Avec cette nuit
encore plus longue, avec mon insomnie, avec des mots
se détachant de mes cauchemars.
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Arman
Téléphone (1974)
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Fotografia do Rio de Janeiro


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Fotografia do Rio de Janeiro
Photographie de Rio de Janeiro


Não esperes por mim, Rio de Janeiro. Tu nunca exististe
e eu nunca existi enquanto escutávamos relatos de futebol
nas nossas próprias vozes. Contigo, ficaram suspensas
todas as avaliações que fizemos da vida, todas as decisões.
Contigo, é a fome ou a sede. As tuas mãos seguram-me
os braços, Rio de Janeiro, porque querem ter a certeza
de que estou aqui. As tuas mãos deveriam saber mais,
Rio de Janeiro. Eu sou o fantasma único da tua luz.
Eu sou o invisível invisível. E é desde esse lugar nenhum
que te peço: não esperes por mim, Rio de Janeiro,
não esperes por mim.
N'attends rien de moi, Rio de Janeiro. Tu n'as jamais existé,
et je n'ai jamais existé, tandis que nous écoutions chacun de
notre côté les commentaires sur le football. Avec toi, toutes les
réflexions que nous faisions sur la vie, toutes nos décisions
ont été suspendues. Avec toi, c'est la faim ou la soif. Tes mains
retiennent mes bras, Rio de Janeiro, car elles veulent être
sûres que je suis bien là. Tes mains devraient en savoir plus,
Rio de Janeiro. Je suis le seul fantôme de ta lumière. Je suis
l'invisible invisible. Et c'est de ce lieu indéfini que je te fais
cette prière : n'attends rien de moi, Rio de Janeiro,
n'attends rien de moi.
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Candido Portinari
Football (1958)
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A partir de Empédocles



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A partir de Empédocles
Sous le signe d'Empédocle


És tu, mas a tua alma percorre um ciclo
E é rapaz, donzela,
Planta, e ave, e peixe nas ondas,
Mas de ti nada se perde:
És sempre tu e serás tu,
E assim cumpres a mais alta lei.
C'est toi, mais ton âme parcourt un cycle,
Tu es garçon, puis fille,
Plante, ou oiseau ou poisson des ondes,
Mais rien de toi ne se perd :
Tu es toi-même et le seras toujours,
Ainsi tu respectes la loi suprême.
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Utagawa Hiroshige
Carpe (1830)
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