As estantes são ruas…


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As estantes são ruas…
Les étagères sont des rues…


As estantes são ruas. Os livros são casas onde podemos
entrar ou que podemos imaginar a partir de fora. Há livros
  que visitámos
e há livros onde vivemos durante certas idades, conhecemos
cada uma das suas divisões, trancámo-nos por dentro.
Fomos jovens durante tantos capítulos mas, de repente,
um dia, apercebemo-nos de que restavam cada vez
  menos páginas
entre o polegar e o indicador. Então, protestámos
contra a morte, dissemos que os livros de 600 páginas
não deviam terminar nunca e, logo a seguir, identificámos
o contrassenso da frase. Essa é a desvantagem de ler livros:
prestamos demasiada atenção às extravagâncias da sintaxe.
Ainda assim, aproveitamos os lucros da nostalgia, stock
infinito de tardes de um verão antigo. Éramos tão jovens,
e alguém nos acertou com um livro. Olhámos em volta
para achar o fantasma que o atirou, está aí alguém?
Quando voltámos ao nosso campo de visão, já estávamos
num lugar com parágrafos, a dizer que as estantes são ruas
e que os livros são casas, enquanto que os outros, todos eles,
diziam que as estantes são estantes e os livros são livros.
Les étagères sont des rues. Les livres, des maisons où
nous pouvons entrer ou imaginer du dehors. Il y a des livres
  que nous visitons,
et des livres avec lesquels nous avons vécu des siècles, nous
connaissons chacune de leurs pièces, retranchés à l'intérieur.
Jeunes, nous l'avons été durant bien des chapitres, mais
soudain un jour, nous avons réalisé qu'il reste de moins en
  moins de pages
entre notre pouce et notre index. Alors, nous avons
protesté contre la mort, dit que les livres de 600 pages ne
devraient jamais se terminer, puis, juste après, nous avons
perçu le contresens de cette phrase. C'est l'inconvénient de
lire des livres : nous prêtons trop d'attention aux extravagances
de la syntaxe. Néanmoins, nous éprouvons les bienfaits de la
nostalgie, réserve inépuisable des soirs d'un été révolu. Nous,
si jeunes, on est venu nous frapper avec un livre. Nous avons
cherché partout ce fantôme qui l'avait jeté. Y a-t-il quelqu'un ?
Lorsque nous sommes revenus à notre champ de vision, nous
étions déjà environnés de paragraphes, disant que les étagères
sont des rues et les livres, des maisons, tandis que les autres
disaient, les étagères sont des étagères, les livres des livres.
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Georg Reimer
En bibliothèque (1850-1866)
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As águas passam…


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As águas passam…
Les eaux s'écoulent…


As águas passam a velocidade
constante, o rio é um corpo. As
letras avançam pelas palavras,
avançam pelos versos, compõem
o poema. O poema é um corpo,
passa a velocidade constante.
A palavra medo não pode faltar
no poema, é levada pela corrente,
medo, palavra entre palavras,
distinta por um momento, medo,
e indistinta logo a seguir, passou
como passa tudo e, no entanto,
o seu significado permanece
ao longo dos versos seguintes,
alastra, contagia todo o poema,
ressoa, o medo ressoa até ser
inseparável das outras palavras,
até todas as palavras significarem
medo, como água ou como a força
da água, como velocidade constante.
O medo é grande e único, é um corpo.
Na margem do rio, estou sentado
num sofá. Vejo notícias na televisão,
como se assistisse à passagem do rio.
Deus, és tu que tens o telecomando?
Les eaux s'écoulent avec une vitesse
constante, le fleuve est un corps. Les
lettres avancent avec les mots,
avancent avec les vers, composent
le poème. Le poème est un corps,
il coule à vitesse constante. Le mot
peur ne peut être omis dans le
poème ; il est porté par le courant,
peur, un mot au milieu des mots,
distinct pendant un moment, peur,
et bientôt indistinct. Il est passé
comme tout passe, et pourtant
son sens demeure tout au long
des vers suivants, se répandant,
infectant tout le poème, résonnant,
la peur résonnant jusqu'à devenir
indissociable des autres mots,
jusqu'à ce que tous les mots signifient
peur, comme l'eau ou comme la force
de l'eau, comme une vitesse constante.
La peur est grande et unique, est un corps.
Au bord du fleuve, je suis assis sur un
canapé. Je regarde les infos à la télévision,
comme si j'assistais au passage du fleuve.
Dieu, est-ce toi qui tiens la télécommande ?
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Mario Schifano
Picasso à la télé (1974-1975)
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Tenho mil irmãs…


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Tenho mil irmãs…
J'ai mille sœurs…


Tenho mil irmãs para amar sem palavras.
Tenho aquela irmã que caminha encostada
às paredes e sem voz, tenho aquela irmã de
esperança, tenho aquela irmã que desfaz o
rosto quando chora. Tenho irmãs cobertas
pelo mármore de estátuas, reflectidas pela
água dos lagos. Tenho irmãs espalhadas por
jardins. Tenho mil irmãs que nasceram
antes de mim para que, quando eu nascesse,
tivesse uma cama de veludo. Agradeço com
amor a cada uma das minhas irmãs. São mil
e cada uma tem um rosto a envelhecer. As
minhas mil irmãs são mil mães que tenho.
Os olhos das minhas irmãs seguem-me com
bondade e, quando não me compreendem,
é porque eu próprio não me compreendo.
Tenho mil irmãs a esperar-me sempre, com
silêncio para ouvir-me e para proteger-me
no inverno. Tenho aquela irmã que é uma
menina que sai de casa cedo para chegar cedo
à escola e tenho aquela irmã que é uma
menina que sai de casa cedo para chegar cedo
à escola. Tenho irmãs como música, como
música. Tenho mil irmãs feitas de branco.
Eu sou o irmão de todas elas. Sou o guardião
permanente e incansável do seu sossego.
Eu tenho de ser feliz pelas minhas irmãs.
Eu tenho de ser feliz pelas minhas irmãs.
J'ai mille sœurs à aimer sans paroles.
J'ai cette sœur qui marche appuyée contre
les murs et sans voix, j'ai cette sœur pleine
d'espoir, j'ai cette sœur qui s'abîme le visage
en pleurant. J'ai des sœurs que le marbre des
statues recouvrent, elles sont reflétées par l'eau
des lacs. J'ai des sœurs disséminées dans
les jardins. J'ai mille sœurs qui sont nées
avant moi pour que j'aie, à ma naissance,
un lit de velours. Je remercie chacune de
mes sœurs avec amour. Elles sont mille,
et chacune d'elles a un visage qui vieillit.
Ces mille sœurs sont pour moi mille mères.
Les yeux de mes sœurs me suivent avec
tendresse, et quand elles ne me comprennent pas,
c'est que je ne me comprends pas moi-même.
J'ai mille sœurs qui m'attendent toujours, qui
m'écoutent en silence et me protègent
en hiver. J'ai cette sœur qui est une fille
qui part tôt de la maison pour arriver tôt
à l'école, et j'ai cette autre sœur qui est une
fille qui part tôt de la maison pour arriver tôt
à l'école. J'ai des sœurs qui adorent la musique,
adorent la musique. J'ai mille sœurs toutes en blanc.
Je suis leur frère à toutes. Je suis le gardien
permanent et infatigable de leur tranquillité.
Je dois être heureux pour toutes mes sœurs.
Je dois être heureux pour toutes mes sœurs.
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Gustav Klimt
Vierges ou la vierge (1912-1913)
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Olhamo-nos nos olhos pela internet


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Olhamo-nos nos olhos pela internet
Nous nous regardons à travers internet


Eu transmito-te este domingo à tarde,
a voz do vizinho através da parede.

Tu transmites-me a distância que existe
depois do que consigo ver pela janela.

Durante a noite mudou a hora e, no entanto,
continuamos no tempo de ontem.

Como é raro este domingo, não podemos
garantir que amanhã seja segunda-feira.
 
O futuro perdeu-se no calendário, existe
depois do que conseguimos ver pela janela.
 
O futuro diz alguma coisa através da parede,
mas não entendemos as palavras.
 
Lavamos as mãos para evitar certas palavras.
 
E, mesmo assim, neste tempo raro, repara:
tu e eu estamos juntos neste verso.
 
O poema é como uma casa, tem paredes
e janelas, é habitado pelo presente.
 
Olhamo-nos nos olhos pela internet,
estamos verdadeiramente aqui.
 
O poema é como uma casa,
e a casa protege-nos.
Je te transmets en ce dimanche soir
la voix du voisin à travers la paroi.

Tu me transmets la distance qui existe
au-delà de ce que je vois par la fenêtre.

Durant la nuit l'heure a changé, pourtant
nous restons avec le temps d'hier.

Comme il est rare ce dimanche, nous ne
pouvons garantir que demain sera un lundi.

L'avenir se perd dans le calendrier ; il existe
au-delà de ce que nous voyons par la fenêtre.

L'avenir dit quelque chose à travers la paroi,
mais nous n'en comprenons pas les mots.

Lavons-nous les mains pour éviter certaines paroles.

Et même ainsi, en ce rare moment, observe :
toi et moi, nous sommes ensemble dans ce vers.

Le poème est comme une maison, il a des murs
et des fenêtres, il est habité par le présent.

Nous nous regardons à travers internet,
mais nous sommes véritablement là.

Le poème est comme une maison,
et la maison nous protège.
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August Natterer
Mes yeux au moment de l’apparition (1911-1913)
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Não há motivo para te importunar…


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Não há motivo para te importunar…
Il n'y a aucune raison de te déranger...


Não há motivo para te importunar a meio da noite,
como não há leite no frigorífico, nem um limite
traçado para a solidão doméstica.

Tudo desaparece. Nada desaparece. Tudo desaparece
antes de ser dito e tu queres dormir descansada. Tens
direito a um subsídio de paz.

Se eu escrever um poema, esse não é motivo para te
importunar. Eu escrevo muitos poemas e tu trabalhas
de manhã cedo.

Toda a gente sabe que a noite é longa. Não tenho o
o direito de telefonar para te dizer isso, apesar dessa
evidência me matar agora.

E morro, mas não morro. Se morresse, perguntavas:
porque não me telefonaste? Se telefonasse, perguntavas:
sabes que horas são?

Ou não atendias. E eu ficava aqui. Com a noite ainda
mais comprida, com a insónia, com as palavras
a despegarem-se dos pesadelos.
Il n'y a aucune raison de te déranger au milieu de la nuit,
il n'y a pas non plus de lait dans le frigidaire, ni de limite
fixée à la solitude domestique.

Tout disparaît. Rien ne disparaît. Tout disparaît avant
même d'être dit, et les poings fermés, tu veux dormir. Tu as
droit à une allocation de paix.

Si j'écris un poème, ce n'est pas une raison pour te
déranger. J'écris beaucoup de poèmes, et tu travailles
tôt le matin.

Tout le monde sait que la nuit est longue. Je n'ai pas le
droit de te téléphoner pour te le dire, pourtant cette
évidence me tue en ce moment.

Et je meurs, mais sans mourir. Si j'étais mort, tu aurais dit :
pourquoi ne m'a-t-il pas appelée ? Et si je t'appelle, tu diras :
sais-tu quelle heure il est ?

Ou tu ne répondras pas. Et je resterais ici. Avec cette nuit
encore plus longue, avec mon insomnie, avec des mots
se détachant de mes cauchemars.
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Arman
Téléphone (1974)
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