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E logo
Et bientôt


Taxia na pista
o avião que me leva.
Do lado de fora do campo
os muitos vagões de um comboio
avançam nos trilhos.
Duas forças se lançam
no mesmo sentido
irmãs por segundos,
e logo
o avião se desprende do chão
as rodas se escondem no ventre
o avião faz-se ave.
Abaixo
o trem lentamente se torna
um traço de lápis
no verde
Plein gaz sur la piste
l'avion m'emporte.
De l'autre côté hors champ
les nombreux wagons d'un train
progressent sur leurs rails.
Deux forces qui s'élancent
dans la même direction
sœurs pour quelques secondes
et bientôt
l'avion se détache du sol
les roues se cachent dans son ventre
l'avion se fait oiseau.
En bas
le train lentement se transforme
en la trace d'un crayon
sur le vert
________________

Giulio d'Anna
Paysage avec aéroplanes (1930 ca.)
...

Distante está


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Distante está
Elle est distante


Para estudar a luz, Manet pintou
vezes sem conta
a Catedral de Rouen.

Deitada o dia inteiro neste quarto de hotel em
Downtown Miami acompanho o deslizar das horas
no vidrespelho do edifício em frente
escudo
que se tinge de sol e aceita a noite, sem nada
revelar do seu reverso
falésia
que despenca precisa como um corte
fachada
      lisa
lâmina.

Distante está aquela
antiqüíssima
em que o tempo se prende entre pregas
no manto dos santos.
Pour étudier la lumière, maintes fois
Manet a peint
la Cathédrale de Rouen.

Couchée un jour entier dans ma chambre d'hôtel à
Downtown Miami j'accompagne le glissement des heures
depuis la vitre-miroir de l'édifice en face
bouclier
teinté de soleil qui accepte la nuit, sans rien
révéler de son revers
falaise
qui dévale précise comme une coupe
façade
  lisse
lamelle.

Distante est cette
chose très ancienne
en laquelle s'est pris le temps dans les plis
du manteau des saints.
________________

Claude Monet
Cathédrale de Rouen - Effet du matin (1894)
...

Da cabeça aos pés


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Da cabeça aos pés
De la tête aux pieds


Os monges
na Coréia
se vestem de neblina
finos trajes cinzentos
que o vento vaza.
A poder de ferro e goma
O linho se faz casca
crisálida
etérea carapaça
e as pregas ganham precisão de aço.

Das altas golas emergem
As cabeças raspadas
Lisas como pedras de rio
As mãos se ocultam nas mangas

Mas os pés
traiçoeiros
entregam tênis de marca.
Les moines
de Corée
se vêtent de fines
robes grises vaporeuses
que le vent fourrage.
Par la force du fer et de l'empois
le lin devient cosse
chrysalide
éthérée carapace
et les plis y gagnent une précision d'acier.

Des hauts cols émergent
Des têtes rasées
Lisses comme pierres de ruisseau
Les mains se cachent dans les manches

Mais les pieds
avec traitrise
exhibent leurs tennis de marque.
________________

Paul Klee
Senecio (Baldgreis) (1922)
...

A um homem não


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A um homem não
Pas à un homme


A um homem não se diz: ciclame, a tua
presença faz do meu jardim
um jardim mais precioso.
A um homem não se chama gladíolo
miosótis, íris.
Da espécie vegetal
a um homem
só baobá choupo palmeira se comparam
poder e tronco.
No entanto, que
gentis podem ser com mãos e boca
capazes de entregar flor e semente
se apenas o desejam.
Un homme, on ne lui dit pas : cyclamen, ta
présence fait de mon jardin
un jardin très précieux.
Un homme, on ne l'appelle pas glaïeul
myosotis, iris.
Un homme, parmi
les espèces végétales
seuls le baobab, le peuplier, le palmier peuvent
lui être comparés par la force et le tronc.
Cependant, qu'
il peut être aimable avec ses mains et sa bouche
capables d'offrir fleurs et graines
si seulement il le désire.
________________

Ferdinand Hodler
Le bûcheron (1910)
...

Sexta-feira


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Sexta-feira
Vendredi


Sexta-feira à noite
os homens acariciam o clitóris das esposas
com dedos molhados de saliva.
O mesmo gesto com que todos os dias
contam dinheiro papéis documentos
e folheiam nas revistas
a vida dos seus ídolos.

Sexta-feira
Sexta-feira à noite
os homens penetram suas esposas
com tédio e pênis.
O mesmo tédio com que todos os dias
enfiam o carro na garagem
o dedo no nariz
e metem a mão no bolso
para coçar o saco.
Sexta-feira à noite
os homens ressonam de borco
enquanto as mulheres no escuro
encaram seu destino
e sonham com o príncipe encantado.
Vendredi dans la nuit
Les hommes caressent le clitoris de leurs épouses
Avec des doigts mouillés de salive.
Du même geste avec lequel chaque jour
Ils constatent documents, papiers, argent
Et feuillètent dans les magazines
La vie de leurs idoles.
Vendredi
Vendredi dans la nuit
Les hommes pénètrent leurs épouses
Avec pénis et ennui.
Ce même ennui avec lequel chaque jour
Ils mettent leur voiture dans le garage
Et le doigt dans leur nez
Et mettent la main dans leur poche
Pour se gratter les bourses.
Vendredi dans la nuit
Les hommes ronflent bouche ouverte
Alors que les femmes dans l'obscurité
Affrontent leur destin
Et rêvent du prince charmant.
________________

Edward Hopper
L'été en villè (1950)
...

Outras palavras


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Outras palavras
D'autres paroles


Para dizer certas coisas
são precisas
palavras outras
novas palavras
nunca ditas antes
ou nunca
antes
postas lado a lado.
São precisas
palavras que inventaram
seu percurso
e cantam sobre a língua.
Para dizer certas coisas
são precisas palavras
que amanhecem.
Pour dire certaines choses
d'autres paroles
sont nécessaires
des paroles nouvelles
jamais dites auparavant
ou qui jamais
ne furent
mises côte à côte.
Sont nécessaires
des paroles qui inventent
leur chemin
et chante sur la langue.
Pour dire certaines choses
il faut des paroles
de point du jour.
________________

Antoni Tápies
Composition avec lettres et nombres (2012)
...

Longa viagem em 1943


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Longa viagem em 1943
Long voyage en 1943


Nosso carro a gasogênio
tinha especial talento
para enguiçar nas pontes.
Bombardeiros por cima
nós deitados no mato
e o negro delator
visível
evidente
quase obsceno
parado sobre o rio
gritando para o céu
aqui
aqui há quem se pode matar.
 
Viagem longa aquela
com meu pai ao volante
a minha mãe atrás
com seu brilhante costurado
na saia
e o meu irmão
atirando com a mão feita pistola
pam! pam!
a cada pássaro ou gente
que apontasse nos campos.
 
Longa viagem aquela
de metade da guerra
para a outra metade
no tempo tão pequeno
que era meu
em que
da paz
nem me lembrava a cara.
Notre voiture au gazogène
avait pour fâcheuse tendance
de tomber en panne sur les ponts.
Des bombardiers dans les hauteurs
nous, allongés dans le maquis
et le noir délateur
visible
évident
presque obscène
debout près de la rivière
criant vers le ciel
ici
ici il y a quelqu'un à tuer.

Long voyage celui que nous fîmes
avec mon père au volant
ma mère à l'arrière
avec ses paillettes cousues
sur sa jupe
et mon frère
tirant de sa main en forme de pistolet
pam ! pam !
sur chaque oiseau ou passant
qu'il pointait dans les champs.

Long voyage celui que nous fîmes
allant du milieu de la guerre
jusqu'à l'autre moitié
en ce court laps de temps
qui était le mien
mais le visage
de la paix
je n'en ai pas même le souvenir.
________________

Käthe Kollwitz
La mort et les enfants (1934)
...

Livres à noite


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Livres à noite
Libres le soir


Tirar o sutiã à noite
Quando o dia se acaba
E com ele o dever de rijos seios.
Tirar o sutiã à noite
Despir a couraça
A constrictor
A alheia pele.
Livrar-se de arames
Elásticos presilhas
Cortar com tesoura o wonderbra.
 
Toda noite a mulher regressa
Da cruzada
E liberta sua santa carne.
Descem as alças pelos ombros
As mãos se encontram nas costas
Soltando amarras
E na quietude do quarto
Os peitos
Como navios
Fazem-se ao largo.
Ôter son soutien-gorge le soir
Lorsque la journée s'achève
Et le devoir avec lui des seins durs.
Ôter son soutien-gorge le soir
Se défrusquer de la cuirasse
Du constrictor
De la peau étrangère.
Se débarrasser des agrafes
Des clips élastiques
Couper avec des ciseaux le wonderbra.

Chaque soir, la femme revient
De sa croisade
Et libère sa chair sainte.
Tombent les épaulettes sur les épaules
Les mains se rejoignent à l'arrière
Relâchent les amarres
Et dans la quiétude de la chambre
Les seins
Comme des navires
Prennent le large.
________________

Paul Delvaux
La femme au miroir (1948)
...

Preciso, para...


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Preciso, para...
Besoin, pour...


Preciso que um barco atravesse o mar
lá longe
para sair dessa cadeira
para esquecer esse computador
e ter olhos de sal
boca de peixe
e o vento frio batendo nas escamas.

Preciso que uma proa atravesse a carne
cá centro
para andar sobre as águas
deitar nas ilhas e
olhar de longe esse prédio
essa sala
essa mulher sentada diante do computador
que bebe a branca luz eletrônica
e pensa no mar.
J'ai besoin d'un bateau pour traverser la mer
loin là-bas
pour sortir de cette chaise
pour oublier cet ordinateur
et avoir des yeux de sel
une bouche de poisson
et ce vent froid qui se rabat sur les écailles.

J'ai besoin d'une proue traversant ma chair
ici au centre
pour marcher sur les eaux
débarquer dans les îles et
regarder au loin ce bâtiment
ces quartiers
cette femme assise devant l'ordinateur
qui boit la blanche lumière électronique
et songe à la mer.
________________

Victor Brauner
Le couronné (1945)
...

Escuros tempos


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Escuros tempos
Temps sombres


As noites
nas cidades da guerra
eram mudas e escuras
como os campos
apagadas as ruas
as praças quedos lagos
falsa ausência
deitava-se nas sombras.
Uma ave nos céus
chamada morte
caçava guiada pela luz.
Cuidado crianças com a lâmpada acesa
mulheres não esqueçam o pano negro
diante das janelas
basta uma friesta
para apagar a vida.

Quando a guerra acabou
na minha terra
janelas continuaram pintadas de preto
esquecimento ou luto
os vidros
como almas
precisaram de um tempo
para deixar passar a claridade.
Les nuits
dans les cités en guerre
étaient obscures et muettes
comme les champs,
les rues, éteintes
les places, de paisibles lacs,
une fausse absence
était couchée dans l'ombre.
Dans le ciel un oiseau
appelé mort
chassait guidé par la lumière.
Enfants soucieux avec une lampe allumée
femmes qui n'oublient pas le tissu noir
devant les fenêtres
un rai de lumière suffit
pour éteindre la vie.

Lorsque fut terminée la guerre
dans mon pays
les fenêtres restèrent peintes avec le noir
de l'oubli ou du deuil
les vitres
comme les âmes
ont besoin de temps
pour laisser passer la lumière.
________________

Giulio Turcato
Ruines de guerre (1950)
...

Ás seis da tarde...


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Ás seis da tarde...
Ás seis da tarde...


às seis da tarde
as mulheres choravam
no banheiro
não choravam por isto
ou por aquilo
choravam porque o pranto subia
garganta acima
mesmo se os filhos cresciam
com boa saúde
se havia comida no fogo
e se o marido lhes dava
do bom
e do melhor
choravam porque no céu
além do basculante
o dia se punha
porque uma ânsia
uma dor
uma gastura
era só o que sobrava
dos seus sonhos
agora
às seis da tarde
as mulheres regressam do trabalho
o dia se põe
os filhos crescem
o fogo espera
e elas não podem
não querem
chorar na condução
le soir à six heures
les femmes pleuraient
dans les salles de bains.
elles ne pleuraient pas
pour ceci ou cela
elles pleuraient parce que les larmes
leur montaient aux yeux
même si leurs enfants grandissaient
en bonne santé
s'il y avait de la nourriture sur le feu
et que leur mari leur donnait
du bon
et du meilleur
elles pleuraient parce que dans le ciel
au-delà du point de bascule
le jour se levait
parce qu'un désir
une douleur
une sensation de brûlure
était tout ce qui restait
de leurs rêves.
maintenant
à six heures le soir
les femmes rentrent du travail
le jour se couche
les enfants grandissent
le feu attend
et elles ne peuvent pas
elles ne veulent pas
pleurer au volant.
________________

Tamara de Lempicka
Autoportrait à la Bugatti verte (1929)
...

Eu sei, mas não devia


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Eu sei, mas não devia (1995) »»
 
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Eu sei, mas não devia
Je sais, mais je ne devrais pas


Eu sei que a gente se acostuma.
Mas não devia.
A gente se acostuma a morar em apartamento de fundos
e a não ter outra vista que não seja as janelas ao redor.
E porque não tem vista, logo se acostuma a não olhar
 para fora.
E porque não olha para fora logo se acostuma a não abrir
 de todo as cortinas.
E porque não abre as cortinas logo se acostuma acender
 mais cedo a luz.
E a medida que se acostuma, esquece o sol, esquece
 o ar, esquece a amplidão.

A gente se acostuma a acordar de manhã sobressaltado
 porque está na hora.
A tomar café correndo porque está atrasado.
A ler jornal no ônibus porque não pode perder tempo
 da viagem.
A comer sanduíche porque não dá pra almoçar.
A sair do trabalho porque já é noite.
A cochilar no ônibus porque está cansado.
A deitar cedo e dormir pesado sem ter vivido
 o dia.

A gente se acostuma a abrir o jornal e a ler sobre
 a guerra.
E aceitando a guerra, aceita os mortos e que haja número
 para os mortos.
E aceitando os números aceita não acreditar nas
 negociações de paz,
aceita ler todo dia da guerra, dos números, da longa
 duração.

A gente se acostuma a esperar o dia inteiro e ouvir no
 telefone: hoje não posso ir.
A sorrir para as pessoas sem receber um sorriso de volta.
A ser ignorado quando precisava tanto ser visto.

A gente se acostuma a pagar por tudo o que deseja e
 o de que necessita.
A lutar para ganhar o dinheiro com que pagar.
E a ganhar menos do que precisa.
E a fazer filas para pagar.
E a pagar mais do que as coisas valem.
E a saber que cada vez pagará mais.
E a procurar mais trabalho, para ganhar mais dinheiro,
 para ter com que pagar nas filas que se cobra.

A gente se acostuma a andar na rua e a ver cartazes.
A abrir as revistas e a ver anúncios.
A ligar a televisão e a ver comerciais.
A ir ao cinema e engolir publicidade.
A ser instigado, conduzido, desnorteado, lançado na
 infindável catarata dos produtos.

A gente se acostuma à poluição.
As salas fechadas de ar condicionado e cheiro de
 cigarro.
A luz artificial de ligeiro tremor.
Ao choque que os olhos levam na luz natural.
Às bactérias da água potável.
A contaminação da água do mar.
A lenta morte dos rios.
Se acostuma a não ouvir o passarinho, a não ter galo de
 madrugada, a temer a hidrofobia dos cães, a não
 colher fruta no pé, a não ter sequer uma planta.

A gente se acostuma a coisas demais para não sofrer.
Em doses pequenas, tentando não perceber, vai se
 afastando uma dor aqui,
um ressentimento ali, uma revolta acolá.
Se o cinema está cheio a gente senta na primeira fila e
 torce um pouco o pescoço.
Se a praia está contaminada a gente só molha os pés e
 sua no resto do corpo.
Se o trabalho está duro, a gente se consola pensando no
 fim de semana.
E se no fim de semana não há muito o que fazer a gente
 vai dormir cedo
e ainda fica satisfeito porque tem sempre sono atrasado.

A gente se acostuma para não se ralar na aspereza, para
 preservar a pele.
Se acostuma para evitar feridas, sangramentos, para
 esquivar-se da faca e da baioneta, para poupar o peito.
A gente se acostuma para poupar a vida.
Que aos poucos se gasta e, que gasta, de tanto
 acostumar, se perde de si mesma.
Je sais qu'on s'y habitue.
Mais je ne devrais pas.
On s'habitue à vivre dans des appartements sur cour
et à ne pas avoir d'autre vue que les fenêtres des voisins.
Et comme il n'y a pas de vue, bientôt on s'habitue à ne plus
 regarder dehors.
Et comme on ne regarde plus dehors, bientôt on s'habitue à
 ne plus ouvrir du tout les rideaux.
Et comme on n'ouvre plus les rideaux, bientôt on s'habitue
 à allumer plus tôt la lumière.
Et à mesure qu'on s'habitue, on oublie le soleil, on oublie
 l'air, on oublie l'étendue.

On s'habitue à se réveiller le matin en sursaut parce que
 c'est l'heure.
À prendre son café en courant parce qu'on est en retard.
À lire le journal dans le bus pour ne pas perdre le temps
 du trajet.
À manger un sandwich parce qu'on a pas déjeuner.
À quitter son travail alors qu'il fait déjà nuit.
À s'assoupir dans le bus parce qu'on est fatigué.
À se coucher tôt et s'endormir pesamment sans avoir
  vécu le jour.

On s'habitue à ouvrir le journal et à lire qu'il y a
 la guerre.
Et, en acceptant la guerre, accepter les morts et les chiffres
 qu'il y a pour les morts.
Et, en acceptant les chiffres, on accepte de ne plus croire
 aux négociations de paix.
on accepte de lire chaque jour, de la guerre, les chiffres,
 à longueur de temps.

On s'habitue après avoir attendu toute la journée à entendre
 au téléphone : je ne peux pas venir aujourd'hui.
À sourire aux gens sans aucun sourire en retour.
À être ignoré lorsqu'on a besoin d'être vu.

On s'habitue à payer pour tout ce que nous voulons et dont
 nous avons besoin.
Et à se battre pour gagner l'argent avec lequel payer.
Et à gagner moins que besoin.
Et à faire la queue pour payer.
Et à payer plus que ce que valent les choses.
Et à savoir que l'on paie de plus en plus cher.
Et à chercher plus de travail, pour gagner plus d'argent,
 pour avoir de quoi payer dans les files où on vous le prend.

On s'habitue à marcher dans la rue et à voir des affiches.
À ouvrir des magazines et voir des annonces.
À brancher la télé et voir des émissions publicitaires.
À aller au cinéma et engloutir des publicités.
À être incité, conduit, dérouté, jeté dans la cataracte
 sans fin des produits.

On s'habitue à la pollution.
Aux salles fermées avec air conditionné et odeur
 de cigarette.
À la lumière artificielle au léger tremblement.
Au choc que les yeux reçoivent en lumière naturelle.
Aux bactéries de l'eau potable.
À la contamination de l'eau de mer.
A la mort lente des fleuves.
On s'habitue à ne plus entendre les oiseaux, à ne plus avoir
 de coq à l'aube, à redouter l'hydrophobie des chiens, à ne
 plus cueillir les fruits sur pied, ni même avoir de plante.

On s'habitue à trop de choses, pour ne pas souffrir.
À petites doses, essayant de ne pas s'en apercevoir, on éloigne
 une douleur ici, un ressentiment là, une révolte ailleurs.
Si le cinéma est plein, on va s asseoir au premier rang
 et on se tord le cou un peu.
Si la plage est contaminée, on ne se mouille que les pieds
 et on transpire sur le reste du corps.
Si le travail est dur, on se console en pensant
 au week-end.
Et si le week-end il n'y a pas grand chose à faire, on se
 couche tôt et on est quand même
satisfait car on a toujours un sommeil en retard.

On s'habitue à ne pas se râper sur les aspérités, pour
 préserver sa peau.
On s'habitue à éviter les blessures, les saignements,
 à esquiver couteau et baïonnette, à ménager sa poitrine.
On s'habitue à épargner notre vie.
Qui peu à peu s'épuise, et qui, épuisée de tant devoir
 s'habituer, finit par se perdre d'elle-même.
________________

Carla Badiali
Composition n° 3 (1932-1936)
...

Altruísmo


Nom :
 
Recueil :
Source :
 
Autre traduction :
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Poèmes inédits »»
nunorochamorais.blogspot.com (juin 2022) »»
 
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Altruísmo
Altruisme


Deixem-me ser homem,
No outro homem,
Pelo outro homem,
Deixem-me vencer este sangue monolítico,
O coração monocórdico,
Deixem-me ver mais além
Que os meus próprios olhos,
Construir mais alto
Que a pequenez dos meus braços,
Apontar outros barcos.
Deixem-me, vocês, aí,
Heras ou estátuas
Que detêm o meu choro e o meu riso,
Vocês, aí, que me decepam as mãos,
Me atulham a voz com palavras de porcelana,
Vocês, aí, que só sabem calar
E sabem ver morrer:
Deixem-me viver o meu peito como a página
De um dia claro. 

Laissez-moi être un homme,
Devant l'autre homme,
Pour l'autre homme,
Laissez-moi surmonter ce sang monolithique,
Ce cœur monocorde,
Laissez-moi voir au-delà
De mes propres yeux,
Construire plus haut
que la petitesse de mes bras
Et accoster aux autres barques.
Laissez-moi, vous, là
Statues ou lierres
Qui retenez mes pleurs et mes rires,
Vous, là, qui m'avez coupé les mains
Qui engorgez ma voix avec des mots de porcelaine,
Vous, là, qui savez seulement vous taire
Et savez me regarder mourir :
Laissez vivre dans ma poitrine la page
D'un jour clair.

________________

Nicolas de Staël
Voiliers dans la baie d'Antibes (1954)
...

Vincent


Nom :
 
Recueil :
 
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Rota de colisão (1993) »»
 
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Vincent
Vincent


Ciprestes de Van Gogh
imóveis labaredas
verdes incêndios sobre a tela
verdes mulheres nuas
em seus cabelos.

Ciprestes de Van Gogh
bizantinas colunas
da paisagem
vórtice
remoinho erguido
como o grito
o fallus
o arremesso de gozo
do pintor.
Cyprès de Van Gogh
hautes flammes immobiles
verts incendies sur la toile
femmes nues et vertes
sous leurs cheveux.

Cyprès de Van Gogh
colonnes byzantines
dans le paysage
vortex
tourbillon dressé
comme un cri
le phallus
le jet de la jouissance
du peintre.
________________

Vincent van Gogh
Champ de blé avec cyprès (1889)
...

Se Ele apenas


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Se Ele apenas
Si Lui seulement


Diz a lenda que o poeta
Li Po
afogou-se na noite em que
embriagado
quis agarrar a Lua
sobre o lago.
É lenda, bem se vê.
Pois a verdade é que
a Lua
teria seguido o poeta
a qualquer canto
se Ele apenas a tivesse chamado.
La légende veut que le poète
Li Bai
se noya la nuit où il voulut
ivre
attraper la lune
au-dessus du lac.
C'est une légende, bien entendu.
Mais la vérité est que
la lune
aurait suivi le poète
n'importe où
Si seulement Il lui avait demandé.
________________

Matthew Wong
Nuit calme (2018)
...

Rota de colisão


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Rota de colisão
Route de collision


De quem é esta pele
que cobre a minha mão
como uma luva?
Que vento é este
que sopra sem soprar
encrespando a sensível superfície?
Por fora a alheia casca
dentro a polpa
e a distância entre as duas
que me atropela.
Pensei entrar na velhice
por inteiro
como um barco
ou um cavalo.
Mas me surpreendo
jovem velha e madura
ao mesmo tempo.
E ainda aprendo a viver
enquanto avanço
na rota em cujo fim
a vida
colide com a morte.
À qui est cette peau
qui recouvre ma main
comme un gant ?
Quel est ce vent
qui souffle sans souffler
ridant sa sensible surface ?
Au dehors la coque étrangère
au dedans la pulpe
et la distance entre les deux
qui me renverse.
J'ai pensé entrer dans la vieillesse
toute entière
comme une barque
ou un cheval.
Mais je me surprends
jeune vieille et mature
en même temps.
Et j'apprends encore à vivre
tandis que j'avance
sur la route au bout de laquelle
la vie entre
en collision avec la mort
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Massimo Campigli
La dame au miroir (1934)
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Nuage des auteurs (et quelques oeuvres)

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