• Cependant son père, furieux, va lui interdire de poursuivre ces études. Mais il a déjà rencontré quelques-uns de ses futurs compagnons du surréalisme portugais. Mário avec ses amis fréquentent les différents cercles littéraires des cafés de Lisbonne. Il s'implique, pour une courte période dans le courant néo-réaliste (qui incarnait la résistance à l'Etat nouveau de Salazar). Cependant cette incursion ne va pas au-delà d'une posture ironique et parodique, et il s'en détache en découvrant le surréalisme.
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• En 1946, il monte à Paris, pour rejoindre l'Académie de la Grande Chaumière, qui est un haut-lieu de la vie artistique de Montparnasse. Il prend alors contact avec André Breton. L'année suivante, de retour à Lisbonne, il fonde avec Alexandre O'Neill, et des peintres comme Cândido Costa Pinto ou João Moniz Pereira, un premier groupe, le Groupo Surrealista. Sa position controversée dans la défense du surréalisme authentique le conduit cependant à se séparer d'eux, pour créer, avec Pedro Oom et António Maria Lisboa, un groupe dissident, Os Surrealitas. Position qu'il consolidera dans le Manifesto Abjecionista où il prône une insoumission constante aux préceptes ambiants.
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• Principal critique et théoricien de ce mouvement, Mário a entretenu de nombreuses controverses littéraires tout au long de sa carrière, à la fois contre les détracteurs du surréalisme et contre ceux qui, dans la pratique littéraire, l'ont déformé.
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• Au début des années 50, Viriato, son père, abandonne sa famille pour s'installer au Brésil avec sa maitresse. Mário se rapproche alors de sa mère et de sa sœur Henriette. Il trouve son gagne-pain dans la traduction d'auteurs tels que : Arthur Rimbaud et Novalis ; il peint mais il écrit surtout de la poésie, toujours dans les cafés de Lisbonne ; Son éditeur est alors Luiz Pacheco, fondateur de la maison d'édition Contraponto qui publia nombres d'auteurs importants du moment ; et vers la fin de la décennie, il collabore à la revue Pirâmide.
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• C'est aussi à cette période qu'il commence à être importuné et surveillé par la police judiciaire, pour « vagabondage », contraint à l'humiliation de présentations et d'interrogatoires réguliers, en raison d'une homosexualité qu'il vit au quotidien, franchement et sans crainte. Il dût attendre le 25 avril 1974 (la révolution des oeillets) pour cesser d'être harcelé par la police.
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• Malgré l'excellence de son écriture, les obstacles rencontrés lors de la publication de ses écrits, et le manque de soutien financier de sa famille, Mário, à partir du milieu des années 1960, tout en continuant d'écrire et de publier, finira par ne plus compter que sur sa peinture, comme moyen de subsistance.
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• Si le premier recueil de poèmes, Corpo visivel, publié en 1950, reflète son goût pour l'observation ironique de la réalité urbaine, et l'influence de Cesario Verde, le second Manual de prestidigitação, en 1956, et le troisième, Pena Capital en 1957, s'engage clairement dans la pratique surréaliste où l'on retrouve l'irrévérence, l'absurde et l'humour noir, ou le recours à l'insolite, propre à celui-là, sans que pour autant le discours ne donne dans le non-sens.
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• Dans le domaine du théâtre, Um Auto Para Jerusalém est le pastiche d'un conte de Luíz Pacheco où l'on relève une influence de Pirandello et d'Alfred Jarry.
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• Dans les années 1980, après avoir publié deux volumes anthologiques de manifestes et de textes sur le surréalisme, il cesse d'écrire des poèmes pour se consacrer à sa peinture, désormais reconnue. Son œuvre poétique est alors rééditée par Manuel Hermínio Monteiro et redécouverte par une nouvelle génération de lecteurs.
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• Dans les dernières années de sa vie, Mário a vécu avec sa sœur aînée, Henriette (décédée en 2004). Contrairement à son attitude antérieure, il s'est ouvert aux médias en donnant de fréquentes interviews et en parlant de sa vie intime. En 2004, Miguel Gonçalves Mendes réalise le documentaire Autografia, un film intense et émouvant où il s'expose et se révèle de manière totale.
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• Mário Cesariny décède le 26 novembre 2006, d'un cancer de la prostate dont il souffrait depuis des années. Il a fait don de son patrimoine à la Fondation Cupertino de Miranda et, par testament, a laissé un million d'euros à la Casa Pia. Il est d'abord enterré dans le Talhão dos Artistas du Cemitério dos Prazeres, à Lisbonne. Et le 8 décembre 2016, sa dépouille est transférée dans une tombe individuelle, lors d'une cérémonie au cours de laquelle le président de la République Marcelo Rebelo de Sousa lui rend hommage.
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