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Aeroporto
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Aéroport
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É o fatídico mês de Março, estou
no piso superior a contemplar o vazio. Kok Nam, o fotógrafo, baixa a Nikon e olha-me, obliquamente, nos olhos: Não voltas mais? Digo-lhe só que não. Não voltarei, mas ficarei sempre, algures em pequenos sinais ilegíveis, a salvo de todas as futurologias indiscretas, preservado apenas na exclusividade da memória privada. Não quero lembrar-me de nada, só me importa esquecer e esquecer o impossível de esquecer. Nunca se esquece, tudo se lembra ocultamente. Desmantela-se a estátua do Almirante, peça a peça, o quilómetro cem durando orgulhoso no cimo da palmeira esquiva. Desmembrado, o Almirante dorme no museu, o sono do bronze na morte obscura das estátuas inúteis. Desmantelado, eu sobreviverei apenas no precário registo das palavras. |
C'est le mois fatidique de mars, je suis
au dernier étage à contempler le vide. Kok Nam, le photographe, pose son Nikon et me regarde obliquement dans les yeux : Tu ne reviendras pas ? Je lui dis juste non. Je ne reviendrai pas, mais je resterai toujours, quelque part en petits signes illisibles, à l'abri de toutes les futurologies indiscrètes, préservé seulement dans l'exclusivité de ma mémoire privée. Je ne veux me souvenir de rien, ce qui m'importe c'est d'oublier et d'oublier ce qui est impossible à oublier. Jamais on ne peut oublier, on se souvient de tout inconsciemment. On a démantelé la statue de l'Amiral pièce par pièce, le kilomètre cent persiste avec fierté à la cime de l'insaisissable palmier. Démembré, l'Amiral dort dans le musée d'un sommeil de bronze la mort obscure des statues inutiles. S'il est démantelé, moi, je survivrai encore un peu dans le registre précaire des mots. |
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Giulio d'Anna Aéroport et avion en piqué (1931) |
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