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Ode a Eros
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Ode à Éros
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Eros, Cupido, Amor, pequeno Deus travesso
Com quem todos brincamos! Brincando nos ferimos, Ferindo-nos gozamos, Se rimos já choramos, Mal que choramos rimos... Já, voltados do avesso, Por igual o voltamos, O torturamos nós como ele nos tortura, Descemos aos recessos da criatura... Pequenino gigante! Sonhava, ou não sonhava, Quem te representou risonho e pequenino Que de Hércules a clava Não pesa como pesa a tua mão de infante, Nem seu furor destrói Como nos dói Teu riso de menino? Nas tuas leves setas Nas flâmulas gentis Que cantam os poetas E os namorados juvenis, Que longos ópios e letais licores, Que pântanos de lodo e que furores, Que grinaldas de louros e de espinhos, Que abissais labirintos de caminhos! Mascarilha de seda e de veludo Sob a qual o olhar brilha, a boca ri, Que olhar ambíguo ou mudo, Que boca atormentada Não terás além ti Na mascarada? Pai da Crueldade e da Piedade, Filho do Crime e da Beleza, Que infante serás tu, que, desde que há Idade, Aos Ícaros opões a mesma astral parede, E os Lázaros susténs dos restos dessa mesa Em que se bebe sempre a mesma sede, Se come A mesma fome? Divindade nocturna Que te cinges de rosas, Suprema fúria mascarada Que a porta abres do céu... escancarada Sobre o negro vazio duma furna, Que a urna de cristal nas mãos formosas Vens ofertar às bocas sequiosas E escorres sangue do cristal da urna, Que tens tu afinal, ao fundo da caverna Sempre aos mortais vedada: A eterna morte... o nada, Ou a vida eterna? |
Éros, Cupidon, Amour, petit Dieu malicieux
Avec qui nous jouons tous ! En jouant, nous nous blessons, De nous blesser, nous en jouissons, Si nous rions, déjà nous pleurons, Et d'avoir trop pleurer, nous en rions... Nous sommes sens dessus dessous Et par là même, nous le retournons, Nous le torturons comme il nous torture, Descendant jusqu'au tréfonds de la créature... Si petit géant ! Ai-je rêvé ou n'ai-je pas rêvé, Qui t'a représenté ainsi tout sourire et si petit ? La massue d'Hercule Ne pèse pas comme pèse ta main de nourrisson, Sa fureur même ne détruit pas Comme nous blesse Ton rire d'enfant ! Dans tes flèches dorées Dans la grâce de tes flammes Chantées par les poètes Et les jeunes amoureux, Quels languides pavots et liqueurs mortelles, Quels marais de boue et quelles fureurs, Que de guirlandes de lauriers et d'épines, Que de labyrinthes abyssaux sur tes chemins ! Masque de soie et de velours Sous lequel regard et bouche brillent, et sourient, Quel regard ambigu ou mutique, Quelle bouche tourmentée N'auras-tu pas alors Dans cette mascarade ? Père de Cruauté et de Piété, Fils du Crime et de la Beauté, Quel enfant seras-tu, qui, depuis la nuit des temps, Aux Icares, oppose le même mur astral Et les Lazares supportent les restes de cette table Où l'on boit toujours avec la même soif, Où l'on mange Avec la même faim ? Divinité nocturne, Toi qui te ceins de roses, Suprême furie masquée Que la porte s'ouvre du ciel... d'un bout à l'autre Sur le vide noir d'un caveau, Que l'urne de cristal entre tes belles mains Vienne s'offrir aux bouches assoiffées Et fasse couler le sang du cristal de l'urne, Que décernes-tu finalement, au fond de la caverne ? Aux mortels, toujours interdite : L'éternelle mort... le néant, Ou la vie éternelle ? |
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William-Adolphe Bouguereau Les murmures de l'amour (1825-1905) |
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