________________
|
Não há motivo para te importunar…
|
Il n'y a aucune raison de te déranger...
|
|
Não há motivo para te importunar a meio da noite,
como não há leite no frigorífico, nem um limite traçado para a solidão doméstica. Tudo desaparece. Nada desaparece. Tudo desaparece antes de ser dito e tu queres dormir descansada. Tens direito a um subsídio de paz. Se eu escrever um poema, esse não é motivo para te importunar. Eu escrevo muitos poemas e tu trabalhas de manhã cedo. Toda a gente sabe que a noite é longa. Não tenho o o direito de telefonar para te dizer isso, apesar dessa evidência me matar agora. E morro, mas não morro. Se morresse, perguntavas: porque não me telefonaste? Se telefonasse, perguntavas: sabes que horas são? Ou não atendias. E eu ficava aqui. Com a noite ainda mais comprida, com a insónia, com as palavras a despegarem-se dos pesadelos. |
Il n'y a aucune raison de te déranger au milieu de la nuit,
il n'y a pas non plus de lait dans le frigidaire, ni de limite fixée à la solitude domestique. Tout disparaît. Rien ne disparaît. Tout disparaît avant même d'être dit, et les poings fermés, tu veux dormir. Tu as droit à une allocation de paix. Si j'écris un poème, ce n'est pas une raison pour te déranger. J'écris beaucoup de poèmes, et tu travailles tôt le matin. Tout le monde sait que la nuit est longue. Je n'ai pas le droit de te téléphoner pour te le dire, pourtant cette évidence me tue en ce moment. Et je meurs, mais sans mourir. Si j'étais mort, tu aurais dit : pourquoi ne m'a-t-il pas appelée ? Et si je t'appelle, tu diras : sais-tu quelle heure il est ? Ou tu ne répondras pas. Et je resterais ici. Avec cette nuit encore plus longue, avec mon insomnie, avec des mots se détachant de mes cauchemars. |
________________
|
|
| Arman Téléphone (1974) |

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire