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Testamento
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Testament
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Se por acaso morrer durante o sono
não quero que te preocupes inutilmente. Será apenas uma noite sucedendo-se a outra noite interminavelmente. Se a doença me tolher na cama e a morte aí me for buscar, beija Amor, com a força de quem ama, estes olhos cansados, no último instante. Se, pela triste monotonia do entardecer, me encontrarem estendido e morto, quero que me venhas ver e tocar o frio e sangue do corpo. Se, pelo contrário, morrer na guerra e ficar perdido no gelo de qualquer Coreia, quero que saibas, Amor, quero que saibas, pelo cérebro rebentado, pela seca veia, pela pólvora e pelas balas entranhadas na dura carne gelada, que morri sim, que não me repito, mas que ecoo inteiro na força do meu grito. |
Si par hasard je meurs durant mon sommeil,
je ne veux pas que tu t'inquiètes inutilement. Ce ne sera qu'une nuit qui succédera à une autre nuit interminablement. Si la maladie me retient au lit et que la mort vient là me chercher, baise Amour, avec la force de qui aime, ces yeux fatigués, à leur dernier instant. Si après la triste monotonie du crépuscule on me retrouve étendu et mort, je veux que tu viennes me voir pour toucher le froid et le sang de mon corps. Si, par contre, je mourrais à la guerre et me perdais dans les glaces de quelque Corée, je veux que tu saches, Amour, que tu saches, avec mon cerveau éclaté, mes veines asséchées, avec de la poudre à canon et des balles incrustées dans ma chair dure et gelée, que je suis mort, et sans me répéter, que je résonne tout entier dans la force de mon cri. |
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Otto Dix Cadavre dans les barbelés (Flandre, 1924) |
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