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Geografia humana
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Géographie humaine
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Todo peludo e tosco, exemplar digno de se ver,
− O belo monstro! − ei-lo exposto Ao gáudio e pasmo de quemquer Que tenha gosto. Os pais vêm mostrá-lo aos filhos inocentes; E as criancinhas olham, assombradas, Seus braços guedelhudos e pendentes, Suas pernas truncadas e cambadas. Mal sabem, pobres pequenos!, Se hão-de chorar ou rir, quando, por trás da grade, Ele faz gestos obscenos A selecta sociedade. Tranquila, porque a jaula é modelar, Toda a plateia exulta e aplaude, ufana De impunemente desafiar O monstro cuja forma é quase humana. E todos riem-se, gingão e calaceiro, Cansado, já, talvez, dos seus admiradores, Exibe o calo do traseiro Às damas e aos senhores. Espicaçam-no, então, para que tão depressa Não se esgote a gratuita diversão, E o vejam, como é da peça, Rebolar-se e pinchar de excitação. Rebola-se, afocinha, e pincha, guincha, dança, Com expressões de velho E jeitos de criança Que são um bom espelho! Ou, rilhando o focinho monstruoso, Desesperado, investe contra as grades, Furiosamente saudoso De longínquas liberdades... E as pupilas a arder, como luzinhas pretas, De entre pêlos, na testa acachapada, Saltam, vão dum a outro, interrogando, inquietas, Sem compreenderem que ninguém compreenda nada! Ninguém?... Não sei. A poesia é filha De perturbantes sugestões, E um mísero macaco, um nem talvez gorilha, Pode dar a um poeta imagens e visões. Porque, naquela turba, há um doido... um poeta moço Que sonha... sonha o quê? Que o hão-de expor, um dia, Remido, esse grotesco e mísero colosso − Rei dos Judeus, rei nosso − Com, por manto real, um trapo púrpura ao pescoço, E uma cana, por ceptro, na mão fria. |
Tout poilu et raboteux, un exemplaire digne d'être vu,
− Quel beau monstre ! − Ici, exposé À la jubilation et à l'ébahissement de quiconque Vient l'apprécier Les parents le montrent à leurs enfants innocents ; Et les petits enfants regardent, effrayés, Ses bras velus et pendants, Ses jambes tronquées et tortues. Ils ne savent pas, les pauvres petits, S'il faut rire ou pleurer, quand, derrière les barreaux, Il fait des gestes obscènes À l'honnête bourgeois. Pas d'inquiétude, la cage est conforme, Tout le parterre applaudit et acclame, fier De pouvoir défier impunément Ce monstre à forme presque humaine. Et tous se moque de lui, se dandinant, paresseux et qui déjà fatigué peut-être de ses admirateurs, Exhibe les callosités de son derrière Aux dames et aux messieurs. Aussi ils le harcèlent afin que ne s'épuise pas trop vite ce divertissement gratuit, et ils le voient, comme au spectacle, Se rouler et trépigner d'excitation. Il se roule à terre, trépigne, piaille et danse, avec les expressions d'un vieil homme Et des gestes d'enfants Qui sont une belle imitation ! Ou, retroussant son museau monstrueux, Désespéré, il se jette contre les barreaux, Furieux et nostalgiques Des anciennes libertés perdues... Et ses pupilles brûlantes, petites lumières noires, Au milieu de sa fourrure, sur son front bas, Roulent, vont de l'un à l'autre, interrogeant, inquiets, Sans jamais comprendre que personne ne comprend ! Personne ?... Je ne sais pas. La poésie est fille De troublantes suggestions, Et un misérable singe, pas même un gorille, Peut donner à un poète images et visions. Car, au milieu de cette foule, il y a un fou... un jeune poète Qui rêve... qui rêve de quoi ? Qu'ils l'exposeront, un jour, Une fois libre, ce grotesque et misérable colosse – Roi des Juifs, notre roi – Avec un chiffon pourpre au cou en guise de manteau royal, Et, un roseau, pour sceptre, dans sa main froide. |
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Michelangelo Pistoletto Singe en cage (1962-1973) |
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