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Camões dirige-se aos seus contemporâneos
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Camões s'adresse à ses contemporains
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Podereis roubar-me tudo:
as ideias, as palavras, as imagens,
e também as metáforas, os temas, os motivos,
os símbolos, e a primazia
nas dores sofridas de uma língua nova,
no entendimento de outros, na coragem
de combater, julgar, de penetrar
em recessos de amor para que sois castrados.
E podereis depois não me citar,
suprimir-me, ignorar-me, aclamar até
outros ladrões mais felizes.
Não importa nada: que o castigo
será terrível. Não só quando
vossos netos não souberem já quem sois
terão de me saber melhor ainda
do que fingis que não sabeis,
como tudo, tudo o que laboriosamente pilhais,
reverterá para o meu nome. E mesmo será meu,
tido por meu, contado como meu,
até mesmo aquele pouco e miserável
que, só por vós, sem roubo, haveríeis feito.
Nada tereis, mas nada: nem os ossos,
que um vosso esqueleto há-de ser buscado,
para passar por meu. E para outros ladrões,
iguais a vós, de joelhos, porem flores no túmulo.
as ideias, as palavras, as imagens,
e também as metáforas, os temas, os motivos,
os símbolos, e a primazia
nas dores sofridas de uma língua nova,
no entendimento de outros, na coragem
de combater, julgar, de penetrar
em recessos de amor para que sois castrados.
E podereis depois não me citar,
suprimir-me, ignorar-me, aclamar até
outros ladrões mais felizes.
Não importa nada: que o castigo
será terrível. Não só quando
vossos netos não souberem já quem sois
terão de me saber melhor ainda
do que fingis que não sabeis,
como tudo, tudo o que laboriosamente pilhais,
reverterá para o meu nome. E mesmo será meu,
tido por meu, contado como meu,
até mesmo aquele pouco e miserável
que, só por vós, sem roubo, haveríeis feito.
Nada tereis, mas nada: nem os ossos,
que um vosso esqueleto há-de ser buscado,
para passar por meu. E para outros ladrões,
iguais a vós, de joelhos, porem flores no túmulo.
Vous pourrez tout me voler :
les idées, les paroles, les images,
et aussi les métaphores, les thèmes, les motifs,
les symboles, et la primauté
dans les douleurs souffertes d'une nouvelle langue,
dans la compréhension des autres, dans le courage
de combattre, juger, pénétrer
dans les replis de l'amour pour lequel vous êtes châtrés.
Et vous pourrez alors refuser de me citer,
me supprimer, m'ignorer, jusqu'à acclamer
d'autres voleurs plus chanceux.
Mais qu'importe : le châtiment
sera terrible. Lorsque non seulement
vos petits-enfants ne sauront déjà plus qui vous êtes
mais qu'ils devront en savoir, plus et mieux sur moi,
que ce que vous feignez ne pas savoir,
tout, tout ce que laborieusement vous avez pillé,
tournera au profit de mon nom. Et même sera mien,
tenu pour mien, compté pour mien,
jusqu'à cette petite et misérable chose que,
pour vous même, sans l'avoir dérobé, vous aviez faite.
Vous n'aurez rien, moins que rien : pas même les os,
et il faudra que vous trouviez l'un de vos squelettes
afin de le faire passer pour mien. Et pour les autres voleurs
vos égaux, ils déposeront, à genoux, des fleurs sur ma tombe.
les idées, les paroles, les images,
et aussi les métaphores, les thèmes, les motifs,
les symboles, et la primauté
dans les douleurs souffertes d'une nouvelle langue,
dans la compréhension des autres, dans le courage
de combattre, juger, pénétrer
dans les replis de l'amour pour lequel vous êtes châtrés.
Et vous pourrez alors refuser de me citer,
me supprimer, m'ignorer, jusqu'à acclamer
d'autres voleurs plus chanceux.
Mais qu'importe : le châtiment
sera terrible. Lorsque non seulement
vos petits-enfants ne sauront déjà plus qui vous êtes
mais qu'ils devront en savoir, plus et mieux sur moi,
que ce que vous feignez ne pas savoir,
tout, tout ce que laborieusement vous avez pillé,
tournera au profit de mon nom. Et même sera mien,
tenu pour mien, compté pour mien,
jusqu'à cette petite et misérable chose que,
pour vous même, sans l'avoir dérobé, vous aviez faite.
Vous n'aurez rien, moins que rien : pas même les os,
et il faudra que vous trouviez l'un de vos squelettes
afin de le faire passer pour mien. Et pour les autres voleurs
vos égaux, ils déposeront, à genoux, des fleurs sur ma tombe.
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António Ramalho Camões lit Les Lusiades au roi Dom Sébastien (1893) |
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