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Becherovka
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Becherovka
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Norueguesa, alta, de um moreno
duvidoso que sorria muito. Pedia-me insistentemente para não estar triste como deveras estava. E pagou-me, creio, o último copo, antes de me perguntar “o que fazia”. Escrever, sobre a morte, não é exactamente uma profissão. Mas foi a resposta que lhe dei, enquanto um guardanapo qualquer abreviava, só para ela, a minha “obra”. Nunca saberei se percebeu a letra, se comprou os livros, se chegou a ouvir o que em péssimo francês lhe tentei dizer nessa noite, a mais perdida. Os versos são quase sempre isto: um modo inaceitável de dizer que não tocámos o corpo que esteve, por uma vez, tão próximo de nós – e que nem um nome breve nos deixou. |
Norvégienne, grande, d'un brun
douteux, souriant beaucoup. Je la priais instamment de n'être pas triste comme je l'étais moi-même. Elle m'offrit, je crois, un dernier verre, avant de me demander « ce que je faisais ». J'écris, sur la mort, non que ce soit à proprement parler une profession. Mais ce fut la réponse que je lui fis, avant de lui résumer sur un coin de serviette, rien que pour elle, ce qu'était mon « travail ». Je ne saurais jamais si elle en perçut la lettre, Si elle acheta mes livres, si elle finit par comprendre ce que j'avais essayé de lui dire, en ce soir lointain. Les vers sont presque toujours ainsi : une manière de dire que nous n'avons pas touché ce corps qui était, pour une fois, si proche de nous -- ne nous laissant pas même un simple prénom. |
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Pablo Picasso Buveur d'absinthe (1903) |
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