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Perguntas
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Interrogations
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A vizinha do prédio ao lado
que perdeu o filho num acidente, sempre que passa por mim de manhã, cumprimenta-me sorrindo, dizendo-me “bom dia” E eu tenho dias em que penso o que faz ela para olhar o sol, depois de acordar no seu quarto, de abrir a janela para esta rua estreita, e saudar-me e sorrir-me Julgo que tem fé, porque a vejo per vezes saindo da igreja que fica ao lado do jardim que nos é comum Deve ser isso o que a mantém, a faz vestir-se todos os dias, tomar o cesto das compras, escolher legumes naquela mercearia: os minúsculos gestos de que a vida é feita quando a guerra é ausente Mas que guerra por dentro sentirà ela, nesse exacto momento em que abre os olhos e pensa o filho ali, no cemitério por detrás da igreja, ao lado do jardim, nunca mais lhe podendo dizer “bom dia, mãe”? |
La voisine de l'immeuble d'à côté
qui a perdu son fils dans un accident toujours lorsqu'elle passe devant moi le matin, me salue avec un sourire, en me disant "bonjour". Et il y a des jours où je me demande ce qu'elle fait là à regarder le soleil, après s'être réveillée dans sa chambre, avoir ouvert la fenêtre sur cette rue étroite et me saluer et me sourire... Je pense qu'elle a la foi, parce que je la vois souvent sortir de l'église qui se trouve à côté du jardin qui nous est commun à tous C'est cela qui doit la pousser à continuer, et à s'habiller tous les jours, à prendre son panier pour les courses, choisissant des légumes dans cette épicerie : tous ces petits gestes dont la vie est faite lorsque la guerre est absente Mais quelle guerre intérieure doit-elle ressentir à ce moment précis où elle ouvre les yeux et pense à son fils là-bas dans le cimetière derrière l'église, à côté du jardin, ne pouvant plus jamais lui dire "bonjour, maman" ? |
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Pablo Picasso Mère et son fils mort (détail de Guernica) (1937) |
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