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Fuga do centauro
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Fugue du centaure
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Surpreendi-a numa gruta,
O corpo fosforescente
Como uma Santa! Porém,
Rindo, quase com desdém,
Do meu êxtase inocente,
Toda nua e transparente,
Sob o véu, numa impudente
Postura de prostituta.
Receoso, tentei fugir.
Ela pegou-me das crinas,
Em minhas costas montou
E meus flancos esporeou.
Quis domar-me com mãos finas.
Ah, que tu não me dominas!
Logo aflaram-me as narinas
E comecei a nitrir...
Fui beijá-la e dei dentadas.
Havia sangue em seu gosto.
Espanquei-a com carícias,
Massacrei-a de delícias.
Arrastei-lhe o corpo exposto,
Nua, o gesto decomposto,
E pus-lhe as patas no rosto.
— Ela dava gargalhadas.
Estatelada no chão
Saía dela um calor
De forno, que a consumia,
Um hálito de agonia
E de esquálido suor.
E vendo-a perder a cor,
Sentia nela o sabor
De toda carne: extinção.
Afinal me libertei
Do seu espantoso abraço
E larguei-a quase morta,
Esvaída, a boca torta,
As mãos hirtas, o olhar baço.
Afastei-me, firme o passo,
Respirando um novo espaço,
Vitorioso como um rei.
Ela ergueu-se e de mãos postas
Pediu-me, ao ver-me partir,
Que jamais a abandonasse.
Tinha lágrimas na face.
A princípio eu quis sorrir:
Voltar, depois de fugir?
E fugi, mas a nitrir,
Com ela nas minhas costas...
O corpo fosforescente
Como uma Santa! Porém,
Rindo, quase com desdém,
Do meu êxtase inocente,
Toda nua e transparente,
Sob o véu, numa impudente
Postura de prostituta.
Receoso, tentei fugir.
Ela pegou-me das crinas,
Em minhas costas montou
E meus flancos esporeou.
Quis domar-me com mãos finas.
Ah, que tu não me dominas!
Logo aflaram-me as narinas
E comecei a nitrir...
Fui beijá-la e dei dentadas.
Havia sangue em seu gosto.
Espanquei-a com carícias,
Massacrei-a de delícias.
Arrastei-lhe o corpo exposto,
Nua, o gesto decomposto,
E pus-lhe as patas no rosto.
— Ela dava gargalhadas.
Estatelada no chão
Saía dela um calor
De forno, que a consumia,
Um hálito de agonia
E de esquálido suor.
E vendo-a perder a cor,
Sentia nela o sabor
De toda carne: extinção.
Afinal me libertei
Do seu espantoso abraço
E larguei-a quase morta,
Esvaída, a boca torta,
As mãos hirtas, o olhar baço.
Afastei-me, firme o passo,
Respirando um novo espaço,
Vitorioso como um rei.
Ela ergueu-se e de mãos postas
Pediu-me, ao ver-me partir,
Que jamais a abandonasse.
Tinha lágrimas na face.
A princípio eu quis sorrir:
Voltar, depois de fugir?
E fugi, mas a nitrir,
Com ela nas minhas costas...
Je l'ai surprise dans une grotte,
Le corps aussi phosphorescent
Que celui d'une sainte ! Mais
Riant, presque avec dédain,
De mon innocente extase,
Toute nue et transparente,
Sous son voile, dans la posture
Impudique d'une prostituée.
Effrayé, j'ai tenté de fuir.
Elle m'a pris par la crinière,
Est montée sur mon dos,
Et a éperonné mes flancs,
Voulant me dominer de ses mains fines.
Ah, comme tu me domines !
Puis mes narines se dilatèrent
Et je me suis mis à hennir...
Je l'ai baisée à pleines dents.
Il y avait là un goût de sang.
Je l'ai fessée de caresses,
Je l'ai massacrée de délices.
J'ai traîné son corps exposé,
Nue, le geste décomposé,
Et j'ai posé mes pattes sur son visage.
– Elle a ri à gorge déployée.
Étalée sur le sol,
Une chaleur de four
Se dégageait d'elle, la consumant,
Un souffle d'agonie
Et de sordide sueur.
Et la voyant perdre ses couleurs,
J'ai senti en elle la saveur
De toute chair : son extinction.
Enfin, je me suis libéré
De son étreinte effroyable
Et l'ai laissée, presque morte,
Vidée, la bouche tordue,
Les mains flétries, le regard terne.
Je me suis éloigné, d'un pas ferme,
En respirant un nouvel espace,
Victorieux comme un roi.
Elle s'est levée et, les mains croisées,
M'a demandé, en me voyant partir,
De ne jamais l'abandonner.
Il y avait des larmes sur son visage.
Au début, j'ai voulu sourire :
Recommencer, après avoir fui ?
Et je me suis enfui, en hennissant,
Avec elle sur mon dos...
Le corps aussi phosphorescent
Que celui d'une sainte ! Mais
Riant, presque avec dédain,
De mon innocente extase,
Toute nue et transparente,
Sous son voile, dans la posture
Impudique d'une prostituée.
Effrayé, j'ai tenté de fuir.
Elle m'a pris par la crinière,
Est montée sur mon dos,
Et a éperonné mes flancs,
Voulant me dominer de ses mains fines.
Ah, comme tu me domines !
Puis mes narines se dilatèrent
Et je me suis mis à hennir...
Je l'ai baisée à pleines dents.
Il y avait là un goût de sang.
Je l'ai fessée de caresses,
Je l'ai massacrée de délices.
J'ai traîné son corps exposé,
Nue, le geste décomposé,
Et j'ai posé mes pattes sur son visage.
– Elle a ri à gorge déployée.
Étalée sur le sol,
Une chaleur de four
Se dégageait d'elle, la consumant,
Un souffle d'agonie
Et de sordide sueur.
Et la voyant perdre ses couleurs,
J'ai senti en elle la saveur
De toute chair : son extinction.
Enfin, je me suis libéré
De son étreinte effroyable
Et l'ai laissée, presque morte,
Vidée, la bouche tordue,
Les mains flétries, le regard terne.
Je me suis éloigné, d'un pas ferme,
En respirant un nouvel espace,
Victorieux comme un roi.
Elle s'est levée et, les mains croisées,
M'a demandé, en me voyant partir,
De ne jamais l'abandonner.
Il y avait des larmes sur son visage.
Au début, j'ai voulu sourire :
Recommencer, après avoir fui ?
Et je me suis enfui, en hennissant,
Avec elle sur mon dos...
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Jean Michel Folon Centaure (1996) |
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